Entre les lignes : variations sur l’espace textuel
Dans le cadre des manifestations scientifiques proposées à la Maison de l’architecture Ile-de-France, le séminaire « Entre les lignes : variations sur l’espace textuel » se propose de réfléchir sur les liens qu’entretiennent littérature et architecture. Le livre comme espace habité, autant que l’architecture à découvrir par les mots, impliquent des chevauchements de pensées théoriques, poétiques ou techniques : ces deux disciplines ont bien en commun l’espace. Ce cycle de dix interventions projette d’élaborer une pensée transversale en sollicitant plusieurs domaines, au cours d’interventions en binômes ou plus : architecture, philosophie, littérature, arts plastiques et graphiques.
________ Séance #1 – Esquisse d’une linéalogie
Par Manola Antonioli et Florian Bulou Fezard Le mardi 19 novembre 2019 à 19 heures
L’intitulé de ce cycle de conférences s’inspire du projet de linéalogie de l’anthropologue britannique Tim Ingold. Dans Une brève histoire des lignes (Bruxelles, Zones Sensibles, 2011), Ingold se propose en effet d’explorer l’espace commun entre plusieurs activités théoriques et pratiques, apparemment très éloignées (« marcher, tisser, observer, chanter, raconter une histoire, dessiner et écrire. », p. 7), en posant les fondements d’une « anthropologie comparée de la ligne ».
En suivant le tracé des lignes, Ingold peut effectuer sans cesse des transformations réciproques entre les systèmes de notation de l’écriture et de la musique, et les traces laissées par le dessin et la marche. La dimension spatiale de la ligne lui permet aussi de passer vers les activités productrices de surfaces, et notamment vers l’architecture qui deviendra un des domaines principaux de recherche de l’ouvrage Faire : anthropologie, archéologie, art et architecture. (Éditions Dehors, 2017)
Comme Ingold, nous choisissons donc de nous situer dans l’espace de l’in-between, afin d’essayer de tisser les fils qui se nouent entre l’écrit et l’espace, la littérature et l’architecture. « L’étymologie de texte c’est tissu et la ligne c’est un fil de lin. Mais les textes sont des tissus inachevés : aux lignes (les fils de trame) manque l’attache des fils verticaux (les fils de chaîne) dans le tissu achevé. » (Vilém Flusser, « Texter », Azimuts n°36, 2011).