Entre les lignes : variations sur l’espace textuel
Dans le cadre des manifestations scientifiques proposées à la Maison de l’architecture Ile-de-France, le séminaire « Entre les lignes : variations sur l’espace textuel » se propose de réfléchir sur les liens qu’entretiennent littérature et architecture. Le livre comme espace habité, autant que l’architecture à découvrir par les mots, impliquent des chevauchements de pensées théoriques, poétiques ou techniques : ces deux disciplines ont bien en commun l’espace. Ce cycle de dix interventions projette d’élaborer une pensée transversale en sollicitant plusieurs domaines, au cours d’interventions en binômes ou plus : architecture, philosophie, littérature, arts plastiques et graphiques.
________ Séance #2 – L’architecture en proie à l’analogie
Par Pierre Hyppolite, maître de conférences en littérature française, Université Paris-Nanterre et Marc Perelman, professeur en esthétique architecturale et éditoriale, Université Paris-Nanterre. Le jeudi 12 décembre 2019 à 19 heures
L’architecte comme l’écrivain travaillent la surface graphique comme un outil de conception et d’expression. Quels liens peut-on établir entre la mise en forme d’un texte, son in-scription, sa structuration et l’architecture ? Si l’imprimerie à contribué, selon Victor Hugo, à inverser la hiérarchie entre les savoirs, les différentes (r)évolutions esthétiques, depuis Mallarmé, ont associé le renouvellement de l’espace textuel aux créations typographiques des avant-gardes (futurisme, dadaïsme, cubisme, constructivisme…) mettant ainsi en évidence leurs multiples liens avec l’architecture. On s’intéressera aux productions littéraires, esthétiques, théoriques de ces avant-gardes, à leur recherche de nouveaux espaces textuels, depuis le début du XXe siècle, en discernant les principes sur lesquels ils se fondent.
Dans son livre Sociologie et philosophie, Émile Durkheim précise que « si l’analogie n’est pas une méthode de démonstration proprement dite, c’est pourtant un procédé d’illustration et de vérification secondaire qui peut avoir son utilité. ». L’analogie, la figure analogique, ou encore le référent analogique est en effet une des grandes matrices conceptuelles liées au domaine de l’architecture. L’analogie possède, selon qu’on l’utilise, un triple rôle : créatif, argumentatif et cognitif.
L’analogie relève cependant de la théorie de l’argumentation et non de l’ontologie. Et cette théorie de l’argumentation procède de la rhétorique en ce sens que celle-ci permet de persuader un auditoire ou un lecteur, voire permet à cet auditoire ou à ce lecteur de se convaincre du bien-fondé de ce qu’il entend ou lit.
Les figures de l’analogie sont des métaphores qui ont ceci justement de particulier qu’à force d’être répétées, elles s’usent ; et l’on a même tendance à oublier que ce sont des métaphores.